Partout dans le monde, la marginalisation voire l’exclusion des femmes des sphères de décision dans les domaines social et politique , conduit à la marginalisation de leurs besoins et à l’absence de leurs revendications sur les agendas. En conséquence, les politiques relatives à la vie quotidienne des femmes et qui ont comme perspective l’égalité des genres et le respect de leurs droits humains universels, sont rares , en dépit des Résolutions internationales et de la législation adoptées en la matière par certains pays.
Les nouveaux développements géo-politiques réduisent les droits des femmes, particulièrement sur la rive sud de la Méditerranée. Les conflits armés augmentent, exacerbés par un enracinement dans la culture de l’extrémisme religieux. Dans un contexte de militarisation massive, de dépenses militaires, de trafic d’armes et de massacre des populations civiles, les acteurs étatiques réduisent au silence les militantes et militants pour les droits humains en invoquant « la sécurité nationale ». En conséquence, les femmes sont confrontées à de nombreux obstacles inhérents aux structures, pratiques et procédures patriarcales discriminatoires, ainsi qu’aux habitus sociaux et culturels. La violence contre les femmes est alors la forme extrême de domination et de contrôle.
La démocratie exige une égale participation et un partage du pouvoir, des devoirs et des responsabilités entre les citoyens. La démocratie implique la liberté, la dignité, l’intégrité physique et psychologique, l’accès égal aux ressources et aux opportunités, à l’ éducation à la santé et à la prise de décision pour les femmes et les hommes. Cela implique que l’égalité des genres soit à la base de tous les processus constitutionnels tout comme l’absence de toute discrimination fondée sur le genre, l’ origine ethnique, le handicap ou la croyance. Selon les normes internationales relatives aux droits humains, les lois sur l'égalité entre les sexes devraient être adoptées dans tous les pays de la région Euro-Med et devenir contraignantes avec une allocation appropriée de ressources pour permettre leur mise en œuvre.
L’IFE-EFI demande que l'égalité entre les sexes devienne une priorité dans tous les processus politiques Euro-Med et agit pour :
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Les droits des femmes et des hommes doivent être au cœur de toutes réformes et tous les processus de transition dans la région Euro-Med. Ils doivent être aussi au cœur de toutes les politiques destinées à résoudre les crises économiques en Europe afin que les processus de réformes démocratiques ne demeurent pas illusoires. De nombreuses études ont mis en évidence les processus d’exclusion par les structures publiques des femmes des postes décisionnels dans la sphère publique, économique, sociale et politique.
L’IFE-EFI appelle à l'adoption des lois sur la parité dans tous ces domaines, associée à des mesures légalement et constitutionnellement contraignantes pour leur mise en œuvre dans toute la région euro-méditerranéenne. |
L’orientation ultralibérale des politiques publiques aggrave la subordination des femmes qui sont confrontées au chômage, à la précarité, à l’instabilité, aux inégalités professionnelles et qui n‘ont pas ou très peu accès aux allocations de retraite. Dans les pays du Sud, la majorité des femmes ne bénéficie pas de la couverture santé fournie par l'État et les taux de mortalité maternelle et néonatale sont élevés. Il y a par ailleurs un taux important d'analphabétisme parmi les femmes en milieu rural et le système économique mondialisé, basé sur le profit et non sur le développement humain, est devenu fatal pour les populations, comme pour notre planète. Le démantèlement des services publics, qui vise essentiellement la protection sociale pénalise les femmes en premier lieu. Qui plus est la militarisation croissante et le la vague de conservatismes politiques ont contribué à générer une catastrophe sociale et conduit à un déclin sans précédent des droits fondamentaux, en particulier ceux des femmes.
Nous enjoignons les États à investir dans tous les secteurs sociaux et surtout dans les domaines de la santé, de l'éducation et des services à domicile afin de garantir une justice sociale inclusive du genre.
L’IFE-EFI appelle tous les gouvernements de la région euro-méditerranéenne à prendre les mesures appropriées pour:
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La région Euro-Med est confrontée à une période d’incertitude. Une détérioration sans précédent a lieu, qui menace sérieusement les peuples, la société civile et les droits à la liberté, à la justice et à la paix. Les femmes et les organisations de défense des droits des femmes sont les premières à être visées. Cette situation tragique dans des pays en guerre ou sous occupation a créé un climat de peur et d’insécurité dans toute la région. L’histoire nous a montré que les interventions militaires ne peuvent en aucun cas résoudre durablement les conflits. La réalisation d'une paix durable exige donc une action politique globale.
Une Europe qui dit non à la guerre et à la militarisation implique une indépendance de vis-à-vis de l'OTAN. La politique commune de l'Union européenne en matière de sécurité et de défense justifie les invasions et les interventions militaires, elle n’intègre pas la sécurité des femmes ni n’encourage le désarmement. Or les femmes sont victimes de violence commise par leurs partenaires et par les hommes de leur propre famille, ceux qui partagent le même toit. Dans le même temps la violence armée, les conflits et les guerres justifient le viol, les humiliations sexuelles en plus de la violence domestique infligée aux femmes. Les problèmes de sécurité c’est aussi la discrimination quotidienne dont les femmes sont victimes dans les sociétés qui acceptent leur oppression, leur subordination, leurs inégalités et leur sentiment latent d’insécurité.
Les politiques de sécurité et de défense doivent être réorientées et mises au service de la protection civile afin que le projet européen puisse contribuer à une paix réelle et durable et pour offrir l’alternative nécessaire à la destruction de la vie, des êtres humains et de l'environnement. En d'autres termes, nous plaidons pour une région Euro-Med démilitarisée qui consacre les ressources nécessaires au développement social et aux besoins civils pour les femmes et les hommes et non aux armes et à la destruction ; une Europe qui a recours à tous les moyens non-violents et non-militaires, et utilise les analyses féministes de la paix et de la guerre, comme approche compréhensive pour résoudre les conflits.
L’IFE-EFI agit pour une politique euro-méditerranéenne conjointe qui:
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La construction des frontières de l'Europe, qui entrave la libre circulation des personnes, exclut et condamne les immigrants à la clandestinité, est contraire à notre conception de l’ Europe démocratique dans laquelle nous souhaitons vivre. Les femmes immigrées, qui participent activement à la production de richesses, sont exposées à la violence et la pauvreté. Elles font face à une double discrimination en Europe et sur le marché du travail en raison de l'opposition créée intentionnellement entre elles et leur pays d'origine. Toutes les femmes vivant sur le sol européen doivent jouir des mêmes droits: le droit au travail, à l'éducation et à la formation professionnelle, le droit à la protection sociale et à la protection sociale.
L’IFE-EFI enjoint les gouvernements de la région euro-méditerranéenne à prendre les mesures appropriées pour:
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Le droit des femmes à disposer de leur propre corps n'a pas été acquis dans tous les pays de la région euro-méditerranéenne, et lorsqu’il est, il est régulièrement menacé par les mouvements conservateurs et religieux tout autant que les droits sexuels et reproductifs .
L'IFE-EFI plaide en faveur du droit des femmes à la libre disposition de leur propre corps. |
Les religions sont l’un des piliers du système patriarcal. La montée du communautarisme et des fondamentalismes religieux intensifie les violations des droits des femmes. Aucune violence ou violation de l'intégrité physique ou de la dignité des femmes ne peut être justifiée par la religion, les coutumes, la culture ou les traditions.
Seule la séparation entre la religion et les sphères politique et publique garantit le respect de toutes les croyances et de leur diversité. Cette séparation s’oppose à toute forme de discrimination fondée sur la religion. Laïcité et droits des femmes sont ainsi étroitement liés. La séparation de la politique et de la religion est une condition préalable à l'égalité et au respect de la diversité des origines et des croyances.
La religion relève de la sphère privée et la liberté de croyance doit être garantie à toutes et à tous . L’IFE-EFI demande:
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Les comportements et attitudes, ainsi que les références discriminatoires nécessitent non seulement une volonté politique et une intervention juridique, mais aussi un travail de sensibilisation contre les stéréotypes culturels sexistes.
Le système éducatif et les programmes scolaires sont imprégnés par des valeurs patriarcales et contribuent à reproduire les stéréotypes de genre.
Afin de les combattre , les gouvernements devraient accorder la priorité aux programmes de formation sur l'égalité des sexes et les droits des femmes pour les professionnels (éducation, police, sécurité, santé et système judiciaire). Les ONG de défense des droits des femmes devraient être consultées pour développer ces programmes.
Des efforts coordonnés devraient être déployés pour réformer les programmes éducatifs afin de promouvoir les valeurs de la citoyenneté, des droits humains et de l'égalité entre les femmes et les hommes, pour lutter contre les violences et les discriminations et pour promouvoir les droits des femmes en tant que composante inhérente aux droits humains universels Des mécanismes devraient être développés dans les secteurs privé et public pour permettre aux femmes et aux hommes l’égal accès aux opportunités et responsabilités dans la vie politique , économique et sociale.
L’EFI-IFE appelle les gouvernements et les mouvements sociaux de la région euro-méditerranéenne à:
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Dans le présent contexte, il est plus important que jamais d’appliquer les Conventions Internationales ainsi que les textes régionaux et nationaux relatifs aux droits des femmes et d’en avoir une approche globale .
Le Programme d'action de Beijing, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de violence à l'égard des femmes (CEDAW) et la Résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies 1325 avec ses résolutions ultérieures, devraient être intégrés à la Politique Européenne de Voisinage pour garantir le respect des droits humains des femmes et des hommes dans les accords bilatéraux et multilatéraux.
Cela nécessite, à long terme, de répondre à la demande de la société civile afin que les Etats lèvent toutes les réserves sur la CEDAW et ratifient le protocole facultatif, 'harmonisent les législations nationales avec les lois et normes internationales pour les droits des femmes et 'élaborent des plans d'action nationaux pour la mise en œuvre de l'UNSCR1325 et des conclusions ministérielles de l'UPM sur les droits des femmes.
Ces actions ouvriront des canaux de dialogue entre les décideurs politiques et les organisations de défense des droits des femmes et permettront les procédures de suivi de la mise en œuvre des mesures annoncées. Cela signifie cependant l’allocation de budgets requis pour cette mise en œuvre.
L'IFE-EFI enjoint l'Union Européenne à:
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Le mouvement féministe Euro-Méditerranéen représente une force sociale décisive. En coopérant avec les femmes du monde entier, ainsi qu’avec toutes les forces progressistes, l’IFE-EFI entend contribuer à la dénonciation et au démantèlement du modèle patriarcal dominant dans la région et internationalement.